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"VEGETAL VERTEBRAL"

A lifeless carcass hangs, gently swinging above the ground as if it is being levitated by an unseen force. The spectral shape rotates slightly in one direction and then in another,with veins that suggest a life fluttering on its own. This could be the skeleton of an animal that has long since wasted away, its eye dried up and drawn into the cavernous void. Suddenly, we feel the need to touch it, to verify this confusing vision by tangibly confirming it. We are led to believe that with touch we will gain an understanding. Yet even the sensation on our hand is bewildering, as we anticipate a fleshly contact, and find only a soft, smooth and hard surface.

 Visual Artist Thierry Ledé likes to play with the idea of moving and blurring the lines of reality. When a clear “line of site” is not only lost, but frantically swirling, like a broken compass needle losing North, Ledé the sculptor smiles.

This bleached animal-like form is from the trunk of a tree, hollowed out and polished by the artist. One of thousands of subjects chosen from a private forest in Northern Europe. Paradoxically, by removing this piece from the tree Thierry Ledé gives it a human dimension. He exposes the work of nature, revealing an abrupt and majestic vital force.

 By patiently removing matter, the artist also reveals an uncommon love story, that of a green tendril following the curve of the sun in its earliest years. As the trees's parasite, it embraces and intertwines with the tree that will accept it, grow with it...A fine example of companionship, growing together as one entity. These convoluted shapes, these narrow passages hollowed out to the extreme, seemingly fragile and yet, by joining each other, have become harder than stone.

Thierry Ledé is a humanist. In a beautiful metaphor his work appears as a parable of the vegetal world of human relationships. This is a naturalist's reflection on what binds humans, animals and plants. It is the natural progression of his photographic work on the subject of manmade waste deposited by the sea: Clinical camera shots of the remains of transformed objects, manipulated by time and carriage on the ocean waves. Already a revealing thesis about how our sense vision can become lost in conjecture.

 Meanwhile, the off-centre shape, suspended from the ceiling, continues to turn, moving with the air currents in a carnal, sensual dance.

 “MÉTISSE”(Mixed metaphor) 1,2,3,4... Other sculptures stand vertical, held only by magnets to their base, allowing them to oscillate with Earth's vibrations.

 

hese sculptures are the final result of the artist's work, a hollowed-out shape frozen in time for the final shot. They will float forever like a celestial body in this abyss where, far removed from their origins, paradoxically, they remind us of ours. 

"VEGETAL VERTEBRAL"

 

Une carcasse inanimée se balance au dessus du sol,

Elle ondule doucement comme en lévitation 

La forme spectrale tourne légèrement dans un sens, puis dans un autre. Ses veines semblent palpiter d’une vie qui lui est propre. Ce pourrait être le squelette d’un animal depuis longtemps décharné, l’œil se perd dans les multiples courbes à l’intérieur. On a soudain très envie de toucher, pour voir… Ce que la vision trouble, la main saura reconnaître. Pourtant, la main s’égare elle aussi dans le contact charnel de la matière, c’est doux, lisse, dur. Le plasticien Thierry Ledé est joueur, son travail fait bouger les lignes et ça lui plaît. Ce laps de temps où la pulsion scopique s’affole comme une boussole déréglée. On en perd le nord, le sculpteur sourit. Cette forme animale et blanchâtre est le tronc d’un arbre évidé et poli par l’artiste. Un sujet choisi parmi des milliers d’autres dans une forêt privée du Nord de l’Europe. C’est paradoxalement en lui ôtant de la matière que Thierry Ledé confère à son arbre une dimension humaine. Il met à nu le travail de la nature, révélant une force vitale abrupte et majestueuse. En enlevant patiemment de la matière, l’artiste révèle aussi une histoire d’amour peu commune, celle d’une liane qui, en suivant la courbe du soleil, vient dès ses premières années, parasiter l’arbre, en épouser tous ces méandres. Bel exemple de compagnonnage, l’arbre va l’accepter, pousser avec elle, ne faisant plus qu’un ensemble pour mieux grandir. D’ou ces formes alambiquées, ces passages étroits évidés à l’extrême que l’on croirait fragiles et qui pourtant sont devenus grâce à ce métissage, plus durs que la pierre.

Thierry Ledé est humaniste, jolie métaphore que son travail qui apparait comme une parabole végétale des rapports humains. Une réflexion naturaliste sur ce qui lie l’humain, l’animal et le végétal faisant suite au travail de ce plasticien photographe sur les déchets rejetés par la mer. Des prises de vue cliniques où l’œil déjà se perdait en conjectures devant les morceaux de matières charriés par les flots.

Pendant ce temps, la forme décentrée et suspendue au plafond, tournoie toujours, prenant les courants, charnelle, sensuelle. Métisse 1, 2, 3, 4… d’autres sculptures se dressent, verticales, tenant sur des socles aimantés qui leur permettent d’osciller. Point d’orgue de ce travail plastique, le sculpteur fige ensuite la forme évidée dans une ultime prise de vue. Une mise en abyme de ce tronc qui flotte à jamais en corps céleste, loin très loin de son état d’origine et qui paradoxalement nous rappelle à nos origines.

Texte de Marie-pierre Guiard

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